Pour l'amour de toi

Pour ne pas déplaire à son partenaire, Louise s’oblige à avoir des relations sexuelles tous les jours. Elle craint que si elle ne le satisfait pas sexuellement, il aille voir ailleurs et cette idée lui est insupportable. Elle s’évertue donc à le surprendre de diverses façons toutes les plus originales les unes que les autres.

Cependant depuis quelques temps elle réalise qu’elle a de moins en moins envie de faire l’amour. Son corps ne le réclame plus depuis déjà quelque temps et cela commence à l’inquiéter sérieusement. Pourtant, il me semble que je l’aime! Se dit-elle.

De son côté Sylvain, croyant Louise d’un appétit sexuel vorace s’efforce de la satisfaire.
Elle a toujours tellement d’imagination que leurs rapports ne sont jamais monotones. Il craint cependant de la décevoir par sa simplicité et son manque d’initiative originale.

Chacun de leur côté, Sylvain et Louise entretiennent des pensées erronées face aux besoins de leur partenaire. La communication n’étant pas à son meilleur, ils tentent tous les deux, sans le savoir, de satisfaire l’autre sans tenir compte de son propre besoin, ni même d’avoir conscience de leur peur réciproque.

Louise ne respecte pas ses limites, elle n’en en même aucune idée et se sacrifie pour satisfaire ce qu’elle croit être les besoins de Sylvain. Sans le savoir elle s’oublie, ne se donne pas d’importance dans la relation et se sent servir d’objet ce qui réduit son désir. Lui, par peur de ne pas être à la hauteur des attentes de Louise, il s’efforce de jouer les amants satisfaits et performants. Le pire dans tout ça c’est que le plaisir n’est pas très intense vu le niveau de stress que la situation occasionne.

Tant que les deux resteront dans le silence face à leur besoin réel, la situation ne changera pas. Elle peut finir par s’envenimer par contre et connaître une fin inattendue, une infidélité et/ou même une séparation

L’ouverture à la communication…
– Pas ce soir, lui dit-elle en rejetant ses avances pour la première fois.
– Toi, tu dis non, s’exclama-t-il, ça ne se peut pas!

Louise se sentit un peu offusquée. Il n’allait quand même pas en faire tout un plat. En trois ans de mariage, elle ne lui avait jamais refusé une relation sexuelle. Elle s’était pliée à tous ses désirs et souvent, elle allait même au devant de ceux-ci. Elle se forçait à chaque soir à lui donner une relation qu’elle appréciait de moins en moins. Et ce soir, il avait le culot de le lui reprocher, c’en était trop!

– Hé bien, j’en ai assez d’être un objet sexuel!
– Mais je ne t’ai jamais traité en objet, s’objecta-t-il

Elle resta muette. Elle se sentait un objet mais, ne l’avait-il seulement jamais traité de la sorte? Elle ne le savait pas. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle ne savait plus rien.

– Écoute, finit-elle par dire, je ne suis plus capable de continuer de la sorte…
– Continuer quoi? demanda-t-il inquiet.
– À t’improviser des parties de jambes en l’air à tous les jours. Si ça continue, je n’aurai plus de désir du tout.

Sylvain tomba des nus. Elle ne le désirait plus? Elle ne l’aimait donc plus?

– Tu ne m’aimes plus? demanda-t-il mais ça avait plus l’air d’une constatation que d’une question.
– Bien sûr que je t’aime…
– Alors c’est quoi le problème?
– Hé bien, j’ai pris une décision. Comme je ne suis plus capable de te satisfaire, je te laisse libre d’aller voir ailleurs.

Sylvain resta stupéfait. Où allait-elle chercher toutes ces idées? Mais, il venait enfin de comprendre le problème : elle faisait tout cela pour le satisfaire lui. Le plus drôle pour lui était que dans le fond, il n’avait jamais rien demandé de la sorte. Il avait même cru que Sylvie avait un besoin insatiable de sexe alors que tout ce temps là, elle se forçait pour lui faire plaisir. C’était vraiment un comble.

– Écoute-moi bien, ma chérie, lui dit-il en la prenant dans ses bras, je ne veux pas aller voir ailleurs. Je t’aime infiniment plus que tu ne sembles le croire. Maintenant, tu vas me dire pourquoi tu penses que tu ne me satisferas plus.

– Hé bien, fit-elle incertaine, tout le monde sais qu’un homme a besoin de faire l’amour à tous les jours et que s’il n’en a pas, il en souffre. Il finira par tromper sa femme.

Il sourit gentiment. Elle avait de ses idées par moment, mais c’était bien pour ça qu’il l’aimait autant.

– Tu sais, ce n’est pas tous les hommes qui ont un aussi grand besoin de sexe. Et tu vois, moi je croyais que c’était toi qui était une vrai nymphomane!
Louise se dégagea brusquement. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Son mari la croyait une droguée du sexe… Alors là, c’était vraiment trop drôle!
– Tu veux dire que tu n’as pas besoin de sexe à tous les jours?

– Je dis : je n’ai pas besoin de sexe à tous les jours…
– Si tu veux, on va faire une chose… La prochaine fois qu’on croira quelque chose sur l’autre, on ira vérifier notre impression. Tu sais, je pensais vraiment que tu me laisserais si je n’étais pas à la hauteur.

– Mais tu es toujours à la hauteur, lui chuchota-t-il en la reprenant dans ses bras. Et on n’a pas besoin de faire l’amour à tous les jours pour que je sois comblé par ta présence…

Ils s’enlacèrent tendrement pendant longtemps… comme si le temps venait de suspendre sa course. Quel bonheur d’être enfin sur la même longueur d’onde.