Privation inédite

 – Tu n’es pas sérieuse ! Tu veux que je mette un bandeau et en plus des bouchons dans les oreilles pour faire l’amour ! C’est ridicule ! Moi, ce que j’aime, c’est voir ton corps, cela m’excite. Ça va être plate si je ne te vois pas et je ne t’entends pas gémir ?

– Oui, je sais. Mais j’aimerais que l’on fasse l’expérience, juste pour voir. Il parait que c’est super excitant et que ça aide à développer un meilleur contrôle de l’éjaculation. Je me disais que ça ne coûte rien d’essayer ! Qu’est-ce que tu en penses ?

– Hum, ok, on essayera ça ce soir

Isabelle était heureuse d’avoir gagné la première manche : il n’était pas contre ! Le tout se jouerait ce soir.

Le soir venu, Isabelle s’était procurée les bandeaux et avait passé à la pharmacie chercher les bouchons anti-bruit nécessaire à l’expérience.

– Qu’est-ce qu’on fait ? On se déshabille avant de mettre tout ça ou non ? demande Louis avec indifférence.

– J’aimerais mieux que l’on procède à chaque étape avec le bandeau et les bouchons. J’aimerais ça aussi si on prenait le temps de se découvrir doucement, lentement. Je ne veux pas me sentir pressée. Es-tu d’accord ?

– J’avoue que ça ne me tente pas beaucoup, mais j’ai dit que je le ferais, alors c’est d’accord.
– Qu’est-ce qui ne te tente pas au juste dans ça ?
– Je ne sais pas, le fait de ne pas avoir le contrôle peut-être ? Comment veux-tu que je sois performant si je ne vois pas ce que je fais ?
– Ce n’est pas un examen, chéri. C’est un jeu. Peut-on juste s’amuser ?
– On joue à faire l’amour à l’aveugle… Ça pourrait être amusant, finit-il par dire.
– Ha, lui dit-elle, j’ai oublié de te dire qu’après, on a un petit devoir. J’aimerais qu’on se partage nos impressions de cette expérience…

Louis se contenta de grommeler un peu en guise d’approbation.
Ils installèrent chacun leurs bandeaux et leurs bouchons pour oreilles. Isabelle avait préparé l’ambiance pour l’expérience afin de calmer l’atmosphère et prévenir les accidents. Elle avait retiré tous les objets qui auraient pu causer leurs chutes ou tout autre accident qui nuirait à l’ambiance. Elle avait tamisé la lumière. Une douce odeur d’encens planait dans la pièce et une petite musique douce jouait. Rien ne semblait laissé au hasard.

Ce fut tout à coup le silence. Un sentiment d’isolement et de vide s’infiltra en lui. Louis cherchait déjà Isabelle de ses mains. Elle était tout près. Son contact le sécurisa. Il sentait, sous ses paumes, la texture de ses vêtements. Il prit le temps de la caresser par-dessus ses vêtements, histoire de se faire une idée de sa forme et de l’espace qu’elle occupait devant lui. C’était particulier. Il s’entendait respirer et l’impression de vide revint sournoisement. Il se sentait vraiment démuni jusqu’au moment où elle posa ses mains sur son torse. Il n’était plus seul, ils étaient deux ! Il sentit qu’il acceptait graduellement le jeu. Entendre son souffle constamment le dérangeait quelque peu mais cela lui donnait l’étrange impression d’être plus vivant.

Il entreprit de la dévêtir doucement, avec précaution afin de ne pas lui enlever le bandeau et ainsi couper l’effet. Il lui semblait être maladroit et il n’aimait pas ça. L’envie lui prit d’arracher le bandeau mais il se retient. Il prit une grande respiration et se répéta que ce n’était qu’un jeu. Son cœur battait plus vite, il le sentait, mais il ne savait pas encore si c’était l’angoisse ou l’excitation qui montait. C’était vraiment une sensation étrange à vivre, mais pas nécessairement désagréable, il était bien forcé de se l’admettre.

Isabelle commença l’exploration du corps de Louis. Elle lui détacha doucement les boutons de sa chemise. En ouvrant sa chemise, elle remonte ses mains lentement jusque sur ses épaules. Elle se rapproche de lui. Les mains sur son visage, elle l’attira vers elle. Elle voulait goûter pleinement à ce moment. Il se laissa guider appréciant qu’elle prenne elle aussi les devant dans ce jeu de l’amour. Il senti l’odeur de son haleine. Il constata avec amusement que son odeur l’excitait. Leurs bouches se frôlèrent. Par instinct, il trouva sans peine ses lèvres et l’embrassa avidement. L’effet était particulier, presque exaltante. Son cœur battit à tout rompre, son souffle se fit court. Mon Dieu, il ne faisait que l’embrasser.

« C’est débile ce jeu! se disait-il déboussolé. Mais c’est tout de même génial. »
Elle portait une attention particulière à tout ce qui se passait en elle comme son cœur qui s’emballait lorsque Louis posait ses mains sur elle. Ses caresses lui semblaient tellement plus puissantes qu’à l’habitude. Elle les ressentait avec beaucoup plus d’intensités. Les fourmillements étaient beaucoup fréquents et envahissant, elle le sentait. Puis, il y avait son odeur.

« Hum, il sent si bon. J’adore cette odeur, se disait-elle intérieurement. Elle s’enivra de son parfum. Elle réalisa soudainement à qu’elle point elle l’aimait.

L’épluchage des vêtements terminé, les caresses se faisaient de plus en plus enivrantes, les frissons abondaient, le souffle et l’excitation augmentait considérablement. C’était démens. Cependant, Louis réalisa que son plaisir était très envahissant à travers son corps. Habituellement, il lui semblait que seulement son pénis jouissait mais là, il avait l’impression que tout son corps participait à l’excitation. Il était en érection certes mais il se passait tellement de choses dans son corps que son érection lui semblait faire parti de l’ensemble et non le seul centre d’intérêt. Cela le marqua. Il commençait à vraiment aimer ce jeu finalement !

Ils s’allongèrent sur le lit et continuèrent à se caresser frénétiquement. Il ne pouvait entendre Isabelle mais quelque chose lui disait, par les mouvements de son corps que son plaisir était intense. Il ne pouvait le voir, ni l’entendre mais il en était certain et cela l’excita davantage.

Il eut envie de la prendre, de la posséder, ce qu’il fit. La chaleur était intense, son souffle plus régulier et plus profond, son cœur battait vite mais il lui semblait avoir le contrôle sur lui ou du moins il se donnait le droit de vivre le moment présent en l’appréciant sans se soucier du reste. Après un moment, une vague l’envahie et la jouissance fut si intense qu’il resta ainsi, allongé sur elle pendant un bon moment. Il sentait le cœur d’Isabelle battre sur sa poitrine et ses mains dans son dos qui le caressait. Il était bien, très bien. Il enleva le bandeau. Isabelle le regardait ardemment. Ses yeux en disaient long sur ses pensées. Elle venait, elle aussi de vivre un moment hors du commun, une extase difficilement descriptible.

Maintenant, mais se serait certainement plus tard, ils parleraient de leurs émotions et de leurs sensations… mais plus tard, lorsqu’ils reprendraient le contrôle de leurs corps…